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Mon sucré secret

Mon sucré secret

J’entends à la radio une femme qui vante les mérites de son nouveau concept de régime. Elle déclare avec enthousiasme :

« C’est un régime pour maigrir en étant heureux. Tout en douceur. Gâteaux, viennoiseries, sucreries sont autorisées en petites quantités. »

Elle parle régime, elle est motivée. Son enthousiasme est communicatif. Et pourtant malheur … elle a prononcé les mots fatidiques. Quasiment immédiatement des images envahissent mon cerveau : des pains au chocolat dorés, une frangipane fondante, un bol de bonbons colorés, des churros brûlants …

Même les mots sont beaux. Jolis à prononcer. Est-ce que même la langue française veut nous piéger, nous faire craquer : « épinards », « macédoine » rien qu’à l’oreille ça sonne mal ! Alors que « tiramisu », « chocolat » « miel » c’est magnifique !

Faudrait peut-être renommer les mots comme par exemple « croissant » en « tartapion » ça atténuerait l’impact émotionnel non ?

Ah le sucre ! Ce cher ennemi du quotidien !

Non parce que je sais pas vous mais pour moi c’est un compagnon de tous les moments : un coup de blues entraîne un pot de nutella, une bonne nouvelle se fête avec un dessert, un moment entre copines appelle une boîte de bonbons, une période de stress et je me défoule sur le pot de glace etc … Bref  le sucre c’est un meilleur ami jamais contrariant, toujours dispo, toujours ok pour rendre service.

Il fait jamais la gueule, il présente toujours bien avec ses feuilletés, dorures, fondants, croquants, coulants … En plus il suffit qu’on parle de lui pour avoir envie de le voir ! Souvent en cachette parce qu’on a toujours une copine sportive ou une belle-mère sévère qui ne l’aime pas.

D’ailleurs pourquoi est-il autant critiqué !??

Comme n’importe quel aliment, il active les récepteurs du goût situés sur la langue. Ceux­-ci envoient des signaux au cerveau pour qu’il déclenche le système de récompense et libère des hormones telle que la dopamine. C’est plutôt positif parce que cette dernière est considérée comme l’hormone du plaisir.

J’en déduis que je peux…je dois reprendre un morceau de tarte poire chocolat !

Mais en poursuivant mes recherches j’apprends qu’il ralentit le cerveau et affecte donc nos capacités de mémoire et d’apprentissage. Déjà que je galère pour retenir la liste des courses ! Et vu mon grand âge j’ai intérêt à soigner ma petite collection de neurones restants.

Autre information : les variations du taux de sucre dans le sang engendrent aussi des changements d’humeur comme le stress, l’irritabilité et parfois la dépression. Cela pourrait expliquer que je remette en cause le sens de mon existence ici-bas tous les quatre matins.

Je réalise aussi que je suis souvent le schéma suivant : hésitation devant le rayon de gâteaux, plaisir d’engloutir en cachette dans la voiture 3 muffins d’affilée, culpabilité 3 mn plus tard et enfin déprime le lendemain au moment d’enfiler mon jean moulant. On dirait presque que mon corps fait exprès de stocker les muffins exactement aux endroits les plus visibles et disgracieux : bourrelets au niveau du ventre, des hanches, des fesses. Pourquoi ça va jamais dans les seins ?!?!

Et pourtant on y retourne : le sucré rend folle !

Tiens comme par hasard je découvre qu’au laboratoire de Serge Ahmed, à l’université de Bordeaux, ce sont des rats qui permettent au chercheur et à ses collègues de comparer la capacité du sucre à provoquer une dépendance, avec le pouvoir de substances officiellement considérées comme des drogues : « Les rats aiment le sucre. Dans l’une de nos expériences, ils préfèrent la solution sucrée à la cocaïne ou à la morphine. »

Cette préférence prouverait que le sucre exerce un effet d’attraction et une forme de récompense au moins comparables à ceux des stupéfiants.

Je le savais ! C’est pas notre faute en fait : c’est plus fort que nous. J’ai beau savoir que je vais culpabiliser j’y retourne quand même.

Pourquoi culpabiliser d’ailleurs ?

Quel est le c…..  qui a décrété que seul un corps lisse, ferme et sans cellulite était attirant ? Pourquoi la gourmandise ne serait-elle pas une qualité aussi admirable que la persévérance ou la générosité ? Pourquoi les bourrelets ne seraient pas signe d’une grande preuve d’intelligence à savoir profiter des plaisirs de la vie ? Finalement craquer pour une sucrerie n’est ce pas une grande preuve d’humanité et de sensibilité ?

J’ai trop réfléchi, j’ai besoin de me détendre. Mon fils a peut-être laissé un morceau de brioche. Je vais de ce pas vérifier ma grande humanité…

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